Les quartiers ont refait le monde le mercredi 29 avril à Aubervilliers :

Publié le par Jeff



Mercredi 29 avril dernier en fin d’après midi, jusqu’à 350 personnes s’étaient données rendez-vous à l’Espace Fraternité d’Aubervilliers pour « refaire le monde » en compagnie d’Eva Joly, de José Bové et de nombreuses autres personnalités, avec Europe Ecologie dans le cadre des élections européennes du 7 juin prochain :

 

Beau succès donc pour ce rendez-vous d’Europe Ecologie dans un quartier populaire du département de Seine Saint-Denis (93), soit Aubervilliers. Le pari au départ n’était pourtant pas gagné: non seulement les élections européennes ne passionnent pas les foules (57,4% d’abstentionnistes en 2004, chiffre risquant de grossir encore en 2009), mais en plus beaucoup considèrent l’électorat écologiste naturel comme étant un électorat de « bobos », cadres et cadres supérieurs habitants les centres des grandes villes (Paris, Lyon, Marseille) et n’imaginent donc pas que l’on puisse organiser un grand meeting politique des écologistes dans une « banlieue »  parisienne du 93.

 

Et cependant, ce mercredi 29 avril, près de 350 personnes sont venues écouter des discours « écolos » et rencontrer des associations du territoire, ce malgré le ciel qui faisait des siennes et la relative difficulté d’accès à l’Espace Fraternité (pas de desserte directe en métro, arrêt de bus à plus de 500 mètres, salle située en plein cœur d’une zone industrielle en pleine rénovation, etc. ).

 

A partir de 17h, plusieurs associations d’Aubervilliers, du département de Seine Saint-Denis mais également de Paris prenaient place à l’intérieur de la salle. Celle-ci, conçue sur le modèle du Cabaret Sauvage du 19ième arrondissement de Paris, cirque avec une scène circulaire centrale entourée de bancs et de box, a permis de les accueillir chaleureusement, le temps ne permettant pas la constitution d’un village associatif extérieur. Le Centre d’Arts Plastiques d’Aubervilliers, l’association Survie, Cigales Ile de France, le collectif Biopiraterie, le MRAP 93, le Collectif des Sans Papiers du 93, le collectif Sauvons les Riches, une association de défense des Tamoules, l’association culinaire albertivillarienne Goûts et Saveurs du Monde, Ecodiff, les jeunes Verts, etc. avaient répondu présents.

 

A l’extérieur, la pluie ayant cessé, des jeux étaient proposés pour les enfants, ainsi qu’un spectacle d’animation en costumes, végétaux de surcroît, parfaitement dans le thème de la soirée, assuré par la compagnie Méliades (voir photos).

 

A l’intérieur, à partir de 18h30, le film « Eva joly, une justice malgré tout » était projeté tandis que la salle commençait tout juste à doucement se remplir.

 

Puis nous sommes entrés dans le vif du sujet. L’animation de la soirée était assurée par deux présentateurs de choc : Karima Delli, quatrième de liste Europe Ecologie en Ile de France, porte-parole de Jeudi Noir et ancienne secrétaire fédérale des Jeunes Verts, et Raphaël Yem, journaliste à Canal Plus et à Générations, fondateur du magazine Fumigène. Après leur entrée en fanfare, c’est tout d’abord le maire d’Aubervilliers, Jacques Salvator (PS), qui a pris la parole pour remercier tout le monde de s’être ainsi déplacé jusqu’à Aubervilliers, suivi par les mots d’accueil de Jean-François Monino, deuxième adjoint Vert au Maire d’Aubervilliers en charge de la voierie, des travaux, de la commission d’appel d’offres et de l’Agenda 21, et de Dominique Carré, élu de Pierrefitte-sur-Seine et président du groupe Vert de la communauté d’agglomération de Plaine Commune.

Après cette entrée en matière, à partir de 20h30, des personnalités civiles impliquées dans diverses combats écologistes sont intervenues : Etienne Cendrier, porte-parole de l’association Robin des toits, a expliqué la nécessité de son combat contre la multiplication des implantations d’antennes relais par les trois grands opérateurs de téléphonie mobile
. Michel Bourgain, Maire Vert de l'Ile-Saint-Denis, est ensuite intervenu sur les questions urbaines (logement, rénovations urbaines, éco-quartier fluvial, etc. ). Azouz Guerbi, Directeur de la régie de quartier La Maladrerie à Aubervilliers, s’exprimait sur les alternatives en banlieues, et notamment la nécessité, en cette période de crise, de soutenir les outils de l'économie sociale et solidaire. Jean-Jacob Bicep, adjoint Vert au maire du 20e arrondissement de Paris, a fait le topo des mobilisations aux Antilles contre la « profitasion ». Ce premier tour de prises de parole s’est conclu par l’intervention d’Hervé Kempf, auteur de deux ouvrages très remarqués, « Comment les riches détruisent la planète » et « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme », qui a interpellé entre autre Europe Ecologie sur la nécessité d’instaurer le « revenu maximum admissible » (un revenu qui serait plafonné à 30 fois le revenu médian, soit la bagatelle de 44 000 euros/mois).

Venait ensuite le temps fort du meeting avec les allocutions des deux têtes d’affiche, Eva Joly, deuxième de la liste Europe Ecologie en Ile de France, et José Bové, premier de la liste Europe Ecologie dans le Sud Ouest, précédées d’une intervention d’Alain Lipietz, député Vert européen sortant, qui a présenté la proposition du « Bruxelles de l’emploi », incluse dans le programme d’Europe Ecologie pour réfléchir à la reconversion dans les emplois « verts » des anciens salariés de l’industrie automobile.

Présenté par Raphaël Yem comme LA juge anticorruption des années 90, qui souligne souvent à juste titre qu’ « il y a plus de délinquants dans le 92 que dans le 93 », Eva Joly est intervenue avec brio sur la nécessité de lutter contre les paradis fiscaux. José Bové quant à lui, le « héros de l’altermondialisme » pour reprendre les termes de Karima Delli, a souligné longuement la nécessité de « taxer les riches », insistant sur le combat mené depuis plusieurs semaines par le jeune collectif Sauvons les Riches (collectif s’étant constitué dans le cadre de la campagne Europe Ecologie afin de faire valoir la nécessité d’un revenu maximum à l’échelle européenne).



La Chorba pour tous, à l’aide de militants, assurait pendant ce temps la distribution des repas, offerts aux personnes présentes, succulents couscous végétariens et tagines de poulets arrosés de cidre, vin rouge et jus d’hibiscus.

 

La deuxième partie du meeting, avec la remise des « éco tartuffe awards », a débuté vers 22h, selon l’ordre ci-dessous :

 

-Eco-Tartuffe award « Entreprise et développement durable », décerné par José Bové.

Les nominés étaient Monsanto pour son action en faveur de la biodiversité (OGM), le groupe Bolloré pour son action en faveur du développement de l'Afrique et EDF pour son action en faveur de la transparence

EDF a gagné pour son service de sécurité toujours « à l'écoute » des écologistes toute l'année dont notamment l’espionnage de l'ordinateur de Yannick Jadot, à l'époque Directeur de campagne de Greenpeace.

 

-Eco-Tartuffe award de la moralisation du capitalisme, décerné par Eros Sana (photo)

Les nominés étaient le G20 pour son action en faveur de l'assainissement du milieu financier, TOTAL pour son action en faveur de l'emploi des jeunes et des pays en développement et la BNP pour ses nombreuses filiales dans les paradis fiscaux

Le grand gagnant était le G20 pour avoir réussi à maintenir la liste noire des paradis fiscaux une ½ journée et mention spéciale pour Sarkozy pour son action ferme en faveur de Monaco. Eva Joly a décerné une mention spéciale pour TOTAL

 

-Eco-tartuffe award « Internet »sous la forme d'un Ane d'Or, décerné par Mathieu Pasquini, coordination anti-hadopi, éditeur In libro Veritas

Les nominés étaient Franck Riester, député, pour son rapport impartial sur la loi création et internet, Christine Albanel, pour son action en faveur de la protection des artistes, Jean-François Copé, président des députés UMP à l'assemblée, pour la cohésion de son groupe, et l’inénarrable Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, pour son approche nuancée d'Internet et des internautes. ce denier s’est vu décerné un âne de bronze, d'argent et d'or, et un spécial pour l'ensemble de son œuvre, avec  notamment cette phrase :

« (..)Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à lfabsorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il dfadolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ? »

 

-Eco-Tarfuffe award « gestion écolo de l'eau », décerné par Mireille Ferri, Vice-présidente Verte de la région Ile-de-France

Les nominés étaient la société « Cristalline » pour son action en faveur de la qualité de l'eau du robinet, le Syndicat des Eaux d'IDF (SEDIF) pour son action en faveur du prix de l'eau et Vivendi pour l'ensemble de son oeuvre

Le SEDIF a gagné, de même que son président André Santini, bien connu pour son utilisation d'une voiture au gaz naturel pour les élections régionales, mais qui a resigné un contrat avec Veolia pour la gestion de l'Eau. Ainsi, le prix de l'eau en Seine Saint-Denis est presque deux fois supérieur à la moyenne parisienne.

 

 

-Eco-tarfuffe award « Anti-discrimination », décerné par Pascale Ourbih, candidate Europe Ecologie en Ile de France.

Les nominés étaient ADECCO pour sa politique de recrutement non discriminatoire, l'Etat français pour la grande diversité de sa fonction publique et le gouvernement de François Fillon pour l'humanité de sa politique d'accueil des migrants.

 

C’est finalement Eric Besson, dit « judas », qui a gagné pour la deuxième fermeture de Sangatte par l'expulsion systématique des personnes qui vivent dans la « jungle » au mépris des droits humains les plus élémentaires.

 

Eco-Tartuffe award « Logement durable », décerné par Fatima Laronde, candidate Europe Ecologie en Ile de France.

Les nominés étaient ICADE, filiale de la Caisse des dépôts, pour sa politique en faveur du logement social, la Ville de Neuilly-sur-Seine pour le logement des familles modestes (2,5% de logements sociaux), et l'ANRU pour son exigence écologique dans la rénovation urbaine

ICADE, qui s'apprête à  brader son patrimoine public en vendant son parc social, a gagné par souci de bon voisinage (le siège étant à 200 mètres de l'espace fraternité).

 

Après ce dernier éco-Tartuffe award, peu après 23 h, les animateurs ont clôt le meeting et des navettes se sont chargées de raccompagner de nombreux militants sur Paris.

 

Le temps d’une soirée, les quartiers ont ainsi montré qu’ils pouvaient « refaire le monde » et que l’écologie n’était pas seulement un supplément d’âme vert destiné aux classes moyennes et supérieures des centres-villes, mais bel et bien un programme global de transformation de la société s’adressant à tous, et plus particulièrement aux habitants des quartiers populaires, bien souvent premières victimes de la crise économique et écologique actuelle.


Le prochain grand rendez-vous d’Europe Ecologie en Seine-Saint-Denis est le mercredi 27 mai à Montreuil, en compagnie d’Eva Joly et de Dominique Voynet.

Publié dans Aubervilliers

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